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Interview
Florence
Fradelizi et David Dibilio sont les coordinateurs du 6e Festival
de films gays et lesbiens de Paris, qui aura lieu du 13 au 17
décembre...
Propos
recueillis par Olivier Monnot,
Rédacteur en chef de Gay.com
Comment est né le Festival ?
David : En 1994, toutes les grandes villes avaient leur festival
de films gays et lesbiens, sauf Paris. L'idée est donc venue
de la créer, avec deux objectifs : permettre une meilleure visibilité
des gays et lesbiennes, qui étaient très peu présents dans les
média, et une présence bien plus forte des films gays et lesbiens
dans les circuit de distribution au cinéma.
Florence : Les festivals de films gays et lesbiens existant
à l'époque étaient très anglo-saxons et passaient peu de films
européens. Le festival de Paris a été créé à une période où
les homos étaient montrés du doigt à cause du SIDA. Le festival
voulait montrer une autre image des gays et lesbiennes et d'éviter
les clichés homo = SIDA, tout en montrant aussi des films sur
le sujet.
Comment a été accueilli le festival à sa création ?
David : A l'époque, Florence et moi étions de simples spectateurs.
Les deux premières années, c'était un événement très attendu.
C'était un lieu sublime, avec quelque chose de plus et de différent
par rapport aux autres festivals. On y découvrait des films
qu'on ne voyait pas ailleurs.
On
y découvrait des horizons insoupçonnés, avec plein de films,
de plein de réalisateurs, de plein de pays. Une abondance de
films qu'on n'imaginait pas. C'était assez jouissif et jubilatoire.
Il y avait entre les spectateurs une espèce de communauté d'esprit
et de valeurs, de regards. Il régnait au festival une atmosphère
particulière.
Florence : L'atmosphère du festival n'est pas commerciale. Ce
n'est pas l'atmosphère du Marais. C'était plutôt une atmosphère
de jubilation, pas fashion du tout.
Comment a évolué cette atmosphère ?
Il y a forcément eu une évolution. Les films sont plus grand
public parce qu'il y a de plus en plus de films sur l'homosexualité.
Le festival est moins confidentiel. On fait en sorte que chacun
puisse trouver son festival à l'intérieur du festival.
Dans les années 90, il y a eu une véritable visibilité des gays
et lesbiennes, qui a atteint son sommet avec le PaCS. Mais on
essaye de nous faire croire qu'il n'y a qu'une représentation
de l'homosexualité. Le festival essaye d'en donner d'autres
représentations, d'en montrer d'autres visages.
Le
nombre de visiteurs augmente tous les ans, il y en a eu 7 000
en 1999. On a obtenu la confiance de réalisateurs et de distributeurs
dont certains rechignaient auparavant à nous donner un film
en avant-première. Aujourd'hui, ils pensent que c'est bénéfique
pour leurs films. Nous avons 5 avant-premières cette année.
Qui sont les spectateurs ?
Cette année, on va faire pour la première fois une enquête sur
le public pour mieux le connaître. Le public aime le festival
parce que c'est un lieu convivial et pas trop connoté gay. Avant
les filles étaient un peu absentes, maintenant elles reviennent,
c'est aussi leur festival.
Le festival est clairement mixte, au niveau de l'équipe, du
public et de la programmation. Et les garçons sont contents
de rencontrer les filles, et vice versa.
Que diriez-vous à quelqu'un qui n'est pas habitué des festivals
de cinéma, pour lui donner envie de venir ?
David : Venez à ce festival, parce qu'il y a une atmosphère.
On y a l'impression d'être là où ça se passe. Il y a une petite
excitation de voir un film avant les autres, on a l'impression
d'être un peu privilégié.
Et puis on y voit des films qu'on ne verra nulle part ailleurs,
parce que certains ne seront jamais dans les circuits de distribution
traditionnels. Il y a aussi les rencontres avec les réalisateurs...
Florence
: Voir un film gay ou lesbien dans une salle et dans un festival
n'a rien à voir. Par exemple, j'ai vu "Priscilla, folle du
désert" dans une salle de cinéma classique, et dans un festival
gay et lesbien. Les rires n'étaient pas du tout les mêmes.
Parfois moqueurs ou méchants dans le premier cas, jamais dans
le deuxième.
-Tous droits réservés - 6 décembre 2000 -
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