Le réveil sonne. Un homme se lève. Après avoir pissé dans le lavabo, il se rase et il fait couler un bain. Commencent en voix-off les « homologues », des commentaires dits par des témoins anonymes pour évoquer leur sexualité : « Je ne prends mon pied qu’avec des mecs qui ne sont pas pédés… Les femmes aussi ont envie de se faire enculer… ». L’homme se rend à une adresse relevée dans les « petites annonces du samedi » de Libération. « Existe-t-il en moi un besoin de soumission ou de domination ? Je ne sais pas, mais je vais savoir… » dit-il en montant l’escalier. « Sade est de plus en plus présent, aucune de ses visions ne paraît plus impossible. Nous sommes entrés dans l’ère de Sade… Je crois qu’il y a en nous deux désirs contradictoires qui s’affrontent, celui de l’amour avec la recherche du couple et celui du sexe avec la multiplicité… »
Réalisé en 1977, au début de la vague des pornos homos commencée en 1975, « Homologues ou La Soif du mâle » est le troisième long métrage de Jacques Scandelari, après « La Philosophie dans le boudoir » et « Macédoine » et qui sera suivi par « New York City Inferno » et « Un couple moderne ». Gérard Bonhomme, dont c’est l’unique film, incarne avec sincérité ce garçon blond et viril. Il sera emporté dès les premières heures de l’épidémie. Filmés de façon magistrale par la caméra de François About, ces remarquables personnages eurent des lignes de vie courtes. « L’argent, l’amour, le bonheur… », dit Marcelle en ouvrant sa fenêtre en regardant les trois loubards qui baisent, « … le bonheur, mais entrecoupé. ». Toujours des chiens aboient et des chats se lèchent. « Voyez, cela est un voyage… », dit-elle en lisant dans la main. Un beau voyage, clandestin et héroïque.