Mascarade | Alexis Langlois
France | 2012 | 13’
Au bord d'une falaise, trois hommes nus exécutent une étrange cérémonie. Une créature surgit et assassine froidement les trois païens. Nous basculons avec elle dans un autre espace temps, un endroit où naissent des êtres hybrides. Ensemble, ces personnages fêtent la victoire du faux et de l'artifice avant d'élire et de couronner leur reine.
Entre le film noir, le film de zombies, la comédie musicale et l'expérimentation vidéo, Mascarade joue à se perdre entre plusieurs genres cinématographiques. L'idée de l'artifice comme vecteur de réalité oriente la mise en scène de ce film. Espace purement artificiel peuplé de créatures hors-normes, Mascarade, montre un espace régi par des images fantasmées et factices. Ici, la parure devient une nouvelle peau. Les corps du film et des personnages sont faits de morceaux disparates. Animées grâce à l'association de parties indépendantes, les créatures sont des freaks, des personnes en devenir, en perpétuelle métamorphose. L'outrance, l'hystérie et l'abondance les habitent. Le travestissement et l'hétérogénéité sont la manifestation d'une force fertile et d'un accomplissement de soi à leur apogée lors de la scène finale: le couronnement se la reine, où se mélangent rituel initiatique, orgie et music-hall.
Le titre Mascarade fait référence à deux éléments:
- à la fois aux mascarades, bals costumés et pièces de travestis où s'alternaient des numéros de danse et de récitation de vers que l'on jouait sous Louis XIII. Le grotesque du style permettait aux comédiens de traiter de thèmes de société sans être condamnés.
- à l'ouvrage de Judith Butler, Gender trouble, qui utilise aussi l'expression de mascarade du genre pour dénoncer une vision androcentrée du monde.