Tourné à l’automne 1979, à l’époque des grands mouvements de libération homosexuelle et pour la reconnaissance de l’homosexualité, Race d’Ep (« pédéraste » en verlan) est le grand classique de Lionel Soukaz. Sur des textes de l’écrivain-philosophe Guy Hocquenghem, qui en est l’un des principaux acteurs, ce documentaire est une reconstitution cinématographique de l’histoire gaie et lesbienne sur une période d’un siècle. Jugé scandaleux lors de sa sortie, Race d’Ep fut classé X. Mais, grâce au soutien d’intellectuels tels que Michel Foucault, Roland Barthes, Gilles Châtelet et Gilles Deleuze, ou d’un dramaturge comme Copi, le film a pu être projeté, mais dans une version expurgée.
Composé de 4 mini-films mêlant document et fiction, le film se souvient de 4 périodes différentes de l’expérience sexuelle : la première, « 1900, le temps de la pose », traite de l’homosexualité liée à l’œuvre du baron Von Gloeden. La deuxième, « Le Troisième sexe : des années folles à l’extermination » aborde le laboratoire de Magnus Hirschfeld et sa résistance face au fascisme montant des nazis. La troisième « Sweet sixteen in the sixties » aborde l’utopique libération sexuelle des années 60. La dernière partie, « Royal Opéra », adaptée d’une nouvelle d’Hocquenghem, met en scène un dialogue à la Diderot entre un homosexuel et un touriste, donnant un aperçu saisissant sur la culture parisienne de la drague des années 1980.