Sur l’île d’Hokkaido, l’hiver est la saison du hockey pour les garçons. Takuya, lui, est davantage subjugué par Sakura, tout juste arrivée de Tokyo, qui répète des enchaînements de patinage artistique. Il tente maladroitement de l’imiter si bien que le coach de la petite fille, Arakawa, touché par ses efforts, décide de les entraîner en duo en vue d’une compétition prochaine… À mesure que l’hiver avance, une harmonie s’installe entre eux malgré leurs différences. Mais les premières neiges fondent et le printemps arrive, inéluctable.
Avec My Sunshine, présenté à Un Certain Regard – Cannes 2024, Hiroshi Okuyama crée un surprenant duo d’enfants patineurs artistiques nourri de ses propres souvenirs. Dans la même veine que Billy Elliot, le film narre aussi la relation attendrissante entre le jeune garçon, timide, bègue, peu sûr de lui, et son entraîneur (gay), un ex-champion de patinage un peu blasé qui va le prendre sous son aile. Leur double trajectoire est très émouvante : Takuya va peu à peu sortir de sa coquille, accomplir de gros progrès, tandis qu’Arakawa – en s’identifiant au petit garçon – va retrouver de l’enthousiasme pour son métier et du sens à sa vie. En filigrane, le réalisateur livre une critique aiguisée de la société japonaise : la culture du non-dit, l’homophobie insidieuse, le poids des conventions et des médisances qui l’emporte sur l’épanouissement personnel. La délicatesse du trait, la finesse de la direction d’acteurs et la grâce de tous les instants rappellent le cinéma de Kore-Eda Hirokazu.