David, trentenaire, en surpoids, homosexuel et ayant une peur maladive de l’avion, retourne à regret dans son Argentine natale pour assister à l’enterrement de son oncle. Il y renouera avec sa mère et sa famille juive, tout en se lançant dans une quête à travers Buenos Aires pour apaiser son anxiété par le biais de leçons de conduite, de soins de santé bon marché et en essayant de coucher avec tout homme qui lui accorde un peu d’attention.
Pour son deuxième long métrage présenté à l’ACID – Cannes 2024, l’Argentin Iair Said se met lui-même en scène en juif bourgeois gay au corps imposant, un peu balourd, qui regarde le monde avec des grands yeux d’enfant. Il offre par là-même une représentation alternative aux corps standardisés – forcément minces et « idéaux » – souvent proposés dans les films LGBT+. S’appuyant sur ses propres réflexions après la mort de son père, il aborde avec humour, tendresse et parfois un brin de cruauté des sujets comme la quête d’affection, la misère sexuelle, le sentiment de ne rentrer dans aucune case, la culture juive, la manière dont chacun gère le deuil ou encore la peur de la mort, de vieillir et de la solitude. En filigrane, il pose aussi une question fondamentale : quel est le prix que doivent payer ceux d’entre nous qui restent en vie ? En subtil équilibre entre tragédie et comédie, voilà un film qui saisit avec grâce l’âme humaine !