Chaque dimanche, à l’heure de la messe, un homme en nœud papillon prépare vingt-quatre madeleines. Jadis, ces pâtisseries le rebutaient : qui a envie de croquer dans un gâteau portant le nom de sa mère ? Mais depuis que Madeleine est morte, grâce à ces savoureuses pâtisseries, Stéphane-Jacques a l’impression de passer « un petit moment avec elle ». N’est-il pas plaisant, à l’heure du thé, de se rappeler ses premières amours et son meilleur souvenir de fist ?
Comme dans Noël et sa mère, Arthur Dreyfus retrouve son sujet de prédilection : le lien inconditionnel entre un fils (gay) et sa mère. Plus encore, la manière dont, pour survivre à la toile de l’araignée, le fils s’enroule dans un filet de langage. Afin de retranscrire cette impression de captivité, le cinéaste opte pour un huis-clos, dont le seul hors-champ provient des œuvres d’art par lesquelles le personnage se raconte. Un thème baroque récurrent incarne l’essence de Stéphane-Jacques, son aura aussi queer que proustienne – comme sortie d’un comic Marvel. Une B.O. électro nous ramène au présent, à l’instar de son discours, faisant le lien entre les années 80 et la peinture mondaine de la fin du XIXe siècle, entre Gabrielle Chanel et les mémoires de backrooms ; sans oublier l’expérience du sida. Avec Les Madeleines, Arthur Dreyfus nous donne le sentiment d’avoir rencontré un être inoubliable. Avec ses qualités, ses défauts, sa drôlerie, ses outrances – mais surtout sa poésie et sa fragilité.
Séance du 23 nov. en présence de Arthur Dreyfus