Un sexagénaire évoque cinq souvenirs implacables de sa jeunesse, tous liés à son identité sexuelle, qui, paradoxalement, l’ont fait, malgré tout, devenir, devenir ce qu’il est, comme l’écrivait le poète grec du Vème siècle avant J-C, Pindare.
« DEVENIR raconte frontalement le passage à l’âge adulte et l’entrée dans la vie sociale d’un jeune homme différent et pose, par là-même, une question devenue centrale aujourd’hui : L’Autre. La place de l’Autre. L’Autre a-t-il toujours une place dans notre société, et si oui laquelle. DEVENIR n’est pas un film cruel. Ce qui est cruel c’est la réalité à laquelle il renvoie, réalité dont les spectateurs n’ont sans doute, et je le comprends, aucune conscience précise. Mon film est un voyage au pays de l’Autre. Je propose à mes spectateurs, pendant une petite heure et demie, de se mettre à ma place, à la place de l’Autre, de voir le monde comme je le vois, comme l’Autre le voit. Un voyage au pays de l’Autre est aussi un voyage au pays de la peur. À cette époque-là de ma vie j’avais peur. J’avais peur tout le temps. Tous les jours. Peur de quoi ? Je n’aurais pas su le dire. Je me sentais menacé. Traqué par des ennemis parfois imaginaires. Parce que la menace je l’avais assimilée. Elle venait de moi. Elle était devenue mienne. Partie intégrante du tissu cellulaire le plus indétectable de mon être profond. Le sentiment que j’avais de ne pas être légitime, de ne pas avoir le droit de vivre ma vie, elle venait désormais de mon âme obscure, de mon propre continent noir. C’est le génie des bourreaux ordinaires. À partir d’un certain moment ils n’ont même plus besoin de faire leur travail, puisque nous le faisons à leur place. » François Zabaleta
EN AVANT-PROGRAMME :
MON DERNIER SOURIRE SERA POUR TOI
Fiction. France. 2024. 44’
Réalisation : François Zabaleta
Léo et Rufus ont la cinquantaine. Depuis l’adolescence ils sont amis intimes. Léo est homosexuel. Rufus hétérosexuel. Un jour Rufus propose à son ami de passer une nuit ensemble. Mais il le prévient, et c’est une condition non négociable, que cette nuit restera sans lendemain.
Séance en présence de François Zabaleta