Deux jeunes de Casablanca, Soundouss et Jaâfar, arrivent dans une luxueuse villa de la station balnéaire de Cabo Negro. La villa est louée par l’amant de Jaâfar, un riche Américain qui est censé les rejoindre plus tard. Mais quelque chose ne va pas : ce dernier n’est toujours pas là et ils ne parviennent pas à le joindre par téléphone. Livrés à eux-mêmes, ils décident, malgré leur situation financière et personnelle incertaine, de profiter de leurs vacances autant que leur esprit et leur corps le leur permettent.
Dix ans après son premier film L’Armée du salut (adapté de son propre roman), sur la solitude d’un jeune marocain gay, et un an après son court-métrage Ne jamais s’arrêter de crier (Chéries-Chéris 2023), le cinéaste & romancier Abdellah Taïa revient avec Cabo Negro, un beau récit d’apprentissage queer à la dimension plus collective. Sur un scénario aussi délicat qu’imprévisible, le film met en scène un désir adolescent qui laisse peu à peu place à une attente circonspecte et mélancolique. Le cinéaste raconte par là-même comment la jeunesse marocaine d’aujourd’hui vit son homosexualité, et comment cette jeunesse pleine de vie résiste à la violence qui lui est adressé par sa résilience et sa beauté. Cadrages sobres, photographie élégante, art de la suggestion, dialogues ciselés… Abdellah Taïa parvient à exprimer par la plus grande économie de moyens les plus grands bouleversements intimes.
Séance du 23 nov. en présence de Abdellah Taïa