São Paulo, dans un futur dystopique pas si éloigné du présent. Un virus circule, qui s’attaque principalement au cerveau et à la capacité de mémoire. Trois jeunes amis queer dérivent dans une ville saignée à blanc par la pandémie et le capitalisme rampant, se souvenant de leurs amants décédés, partageant leurs expériences avec le VIH, obtenant des conseils de maquillage pour visages masqués et se réunissant finalement avec d’autres oubliés de la société dans le salon d’une chanteuse nommée Mirta.
Avec Trois tigres tristes, Teddy Award du meilleur film à la Berlinale 2022, le Brésilien Gustavo Vinagre livre une fable (sur)réaliste totalement dans l’air du temps : amnésie politiquement imposée, contexte pandémique, ravages absurdes du capitalisme… Dans ce contexte quasi-apocalyptique, le cinéaste garde cependant foi en l’humanité en mettant en scène une nouvelle ère queer dans laquelle les souvenirs ne peuvent survivre que parce qu’ils sont partagés collectivement et transmis à travers des relations affectives. Un film plein d’humour et de fraîcheur, qui à travers sa narration disloquée, fait scintiller les marges de la société.