Gustav et Luca, deux journalistes, vivent ensemble depuis huit ans à Rome. Lorsqu’en 2006 Silvio Berlusconi perd les élections, la nouvelle majorité de centre gauche a dans ses cartons un projet de loi concernant les couples de même sexe, le DICO, équivalent de notre PACS. Les deux jeunes hommes décident de filmer le processus législatif. Malheureusement, très vite, ils se rendent compte qu’une bonne part de la classe politique, même dans la nouvelle majorité, mais aussi de l’opinion publique, soutenues par le Vatican, sont très hostiles au projet et le manifestent. Ce qui devait être la chronique d’une victoire devient celle d’un échec, alimentant en parallèle les tensions dans le couple qui ne réagit pas de la même manière à des événements qui voient le DICO enterré avant même le retour de Berlusconi au pouvoir il y a quelques mois…

La belle réussite de Soudain, l’hiver dernier, c’est d’être à la fois un documentaire sur un sujet politique grave et un film d’une grande drôlerie. Pour leur première réalisation, Gustav Hofer et Luca Ragazzi sont parvenus à donner un ton très particulier et personnel à leur film, mêlant éléments de leur vie privée et regards sur la société italienne, états d’âme intimes et information très rigoureuse, sans oublier ni archives télé ni morceaux de bravoure comme lorsqu’ils se glissent dans une manifestation néo-fasciste contre le DICO et interrogent certains participants. Document passionnant sur « l’exception italienne » qui fait de ce pays le seul grand Etat européen à n’offrir aucun statut aux couples LGBT, et sur le rôle de l’Eglise dans cette situation, Soudain, l’hiver dernier est un modèle du genre.

Séance suivie d’un débat en présence des réalisateurs.

Le sujet du film de Gwen Haworth, c’est elle-même. Ou plutôt le regard que sa famille et ses proches portent sur elle. En effet, c’est en laissant la parole à son entourage et en utilisant, outre ces interviews, des films et des photos personnels, qu’elle a choisi de raconter au plus près sa transition MtF. Si certaines réactions à ce processus qui s’est déroulé entre 2001 et 2004 sont d’une franchise douloureuse ou si l’incompréhension domine quelquefois, la plupart se caractérisent par un soutien sans faille de la part de ses amis, de sa mère ou de son ex-épouse.

Bien sûr, c’est de sa transition que parle Gwen Haworth. Mais tout autant que sa propre démarche identitaire, ce qui l’intéresse, ce sont les répercussions que celle-ci a eu sur son entourage. En cela, She’s a Boy I Knew est le résultat d’une démarche inédite. Certains témoignages sont inoubliables, notamment ceux de la mère et de l’ancienne femme de celui qui s’appelait encore Steven et dont elle a cru, un temps, pouvoir continuer à partager la vie une fois sa transformation entamée. Ce film a remporté un vif succès dans de nombreux festivals internationaux.

Océan, d’origine française, est un Drag King devenu célèbre sur la scène Berlinoise trangenre depuis quelques années. Océan est repute-e pour ses performances musicales où elle-il se transforme en femme / homme en quelques mouvements mettant en avant l’opposition des genres. Dans la vie réelle, Océan vit aussi dans un monde complétement opposé : Drag King interlope la nuit, femme d’affaire smart le jour...

La réalisatrice Saskia Heyden a suivi Océan pendant plus un an, capturant des moments intîmes et intenses qui dévoilent une personnalité atypique qui va au delà des catégories traditionnelles du genre mais sait aussi en jouer pour mieux en éclater les stéréotypes. Océan arrive toujours à rester dans l’ambiguité et le mélange des genres, entre le monde de la nuit et celui du jour, entre femme et homme, ouverture et mystère. Un portrait touchant, innovant et moderne!

En présence de la réalisatrice Saskia Hayden et d’Océan.