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Lionel
Soukaz
Lionel
Soukaz, une vitalité désespérée
Par René Schérer,
professeur émérite à l'université de Paris VIII.
Si je reprends,
en guise de titre, cette expression à un poème de Pier Paolo Pasolini,
on voudra bien me pardonner cet emprunt.
Mais je ne vois pas de meilleur manière d'introduire à l'uvre
de Lionel Soukaz, de qualifier l'impression que ressent le spectateur,
de caractériser son style, son ton, et, si l'on peut dire, son message.
Un message, entendons-nous, sans rien avoir à transmettre de précis,
sans intention de communication, sans adresse. Lionel se contente de faire signe,
d'un lointain intérieur, parfois inaccessible, et si proche pourtant,
brassant une actualité foisonnante, proliférante.
Cette uvre cinématographique
est l'enfant de l'après-mai, cet Après-midi des faunes dont Guy
Hocquenghem a brossé le portrait passionné. Elle porte jusqu'à
nous la voix et les fulgurations de ce trop bref temps d'exubérance,
de convulsions paroxystiques,
et de l'âme, et du corps. Elle touche aussi à ses confins, les
années où, après le fugace arc-en-ciel des utopies de 68,
se profile
un temps de glaciation des sensibilités, des rapports humains, auquel
Félix Guattari a donné le nom d'années d'hiver.
Tournant des années 70-80
où, à la vie, se marie alors le désespoir.
Cela, Lionel le crie, le jette à
la face du spectateur et de l'auditeur, dans un brassage d'éclats de
couleurs et de sons. Le mariage
du ciel et de l'enfer du No Future : Una vitalita desperata... Oui, l'expression
pasolinienne s'impose.
Mais la référence au
grand cinéaste-poète convient aussi d'une autre manière.
Car jamais peut-être, plus que chez Soukaz,
le cinéma contemporain n'a mérité davantage l'appellation
de langue ou écriture de la réalité que Pasolini lui avait
accordée.
Auteur rare et secret, Lionel Soukaz
restera toujours certainement du côté de cet art qui n'a pas besoin
de consensus et s'en offenserait plutôt. Non qu'il recherche la difficulté
ou l'hermétisme, mais parce qu'il refuse toute censure et surtout toute
autocensure qui déjà, dès avant la réalisation,
est une entrave à l'élan, à l'envol. "
René Schérer
Texte extrait des brochures "
Point Ligne Plan "
Séance
1:
Le désespoir de l'éphèbe
Jeudi 6 décembre à 19h
En hommage à Guy Hocquenghem (1946-1988)
Et Copi (1939-1987)
Tino de Lionel Soukaz
et Guy Hocquenghem. 1985. 28'.
Images : Jean-Michel CARRE
Avec Myriam Mezières, Khaled Mahmoud, Doug Ireland
Mini péplum moderne
Maman Que Man
de Lionel Soukaz. 1982. 53'.
Images : Jérome de Missolz.
Son : Patrick Genet
Avec Didier Hercend, Marie Thonon, Jean-Louis Jacopin, Luc Bernard, Sabine Morellet
et COPI
Fiction autobiographique
" Lamento pour la mort d'une mère, Maman que Man évite, contourne
la confidence, le souvenir, la nostalgie, bref, tout glissement verbeux dans
la psychologie ou l'auto-analyse. Autour de la belle et tendre figure de Didier
Hercend ce sont des blocs intenses d'émotion, de fureur et de bruit qui
se cristallisent ; des éclats impérissables nous assaillent :
poignantes apparitions de Copi en alcoolique plein de stupeur et d'ennui, de
Michel Cressole en folle de bar. Maman que Man : le temps des blocs d'enfance,
l'adieu aux enfants perdus, les hymnes baudelairiens à la mort : "
c'est la mort qui console, hélas ! Et qui fait vivre
" mais
dans la rage, la fureur, toujours imposées par l'écriture même
et le style, de l'invincible vitalité. "
René Schérer.
Séance
2
: Le
cinéma de l'amour
À Nicole Brenez et René
Schérer
" Tout est drogue, la vie elle-même,
la meilleure des drogues,
et l'amour la drogue suprême. " Lionel Soukaz.
La Marche Gaie de Lionel
Soukaz. 1980. 14'. 16mm.
" La marche gay, c'est un sol
qu'on foule : le sol de Washington. La Maison Blanche et le Sénat sont
sûrement vides quand 100 000 gays
défilent devant leur grilles, à la fois acteurs et spectateurs
de leur propre révolte. De leur propre espoir : que finisse enfin la
répression. "
Bouts Tabous de Lionel
Soukaz. 1979. 18'. Texte de Guy Hocquenghem
18 minutes censurées du film " Race d'Ep ".
" La censure a bon goût, c'est le meilleur morceau de Race d'Ep ".
Nicole Brenez
Vivre de Lionel Soukaz.
1980-2000. 12'.
Avec les actrices et les acteurs du film " Ixe ".
" Et pourtant, au-delà
du principe du plaisir, le vivre comme un cri, comme un poing et une main ouverte
à la fois, dont on ne sait
si elle invite ou implore. " René Schérer
Y Amor de Lionel Soukaz.
1980-2000. 12'
La suite inédite de " Ixe " sonorisée en 2000. Avec
Philippe V, Hervé L, François D, Karine
Deux films inédits
:
La Vérité Nue de Lionel Soukaz. 2001. 12'
Un film d'amour
La vérité Danse de Lionel Soukaz. 2001. 5'
Un film d'amour et de danse. Avec Xavier Baert et Eiichi Kimura.
Chunguang Zhaxie, Révélation
de Xavier Baert. 2000. 7'
" Comme dans La chute
de la maison Usher de Jean Epstein, la continuité du ralenti enveloppe
la disparition de la figure aimée.
Révélation traite concrètement jusqu'à la matière
de l'émulsion, de l'apparition, de l'absence, de la réapparition
et des disparitions
de la figure aimée. " Xavier
Baert
Séance
3 : Les annales du présent
Témoins de notre temps
Extraits du journal vidéo
(1991-2001) 1000 et 1 heures de Lionel Soukaz.
Film réalisé avec :
Eiichi Kimura et Xavier Baert. 2001. 3'.
Tony Tonnerre, un plan idéal, 2000. 1'.
José Cunéo, la cuisine de Cunéo. 1991. 4'.
Pablo Perez, écrivain argentin. 1991. 4'.
La manif contre le Sénat et ses militants. 1991. 6'.
Michel Journiac et Jacques Miege. 1993.
150 Poémes mis en sang. 12'
Rv mon ami - mort le 1er août 1994. 28'
Invités
Sothean Nhieim avec Fête des Morts 1996, 10'.
" Fin de siècle. Fin
de millénaire. Fin des illusions. Hécatombe, génocide,
Khmers rouges, sida. Pensons à nos morts bien-aimés. Fête
des morts est une commémoration pour tous ceux qui sont partis. "
Sothean Nhieim
Maria Klonaris et Katerina Thomadaki
avec Requiem pour le XXe siècle, Opus 18 du Cycle de l'Ange.
1994. vidéo pal. n&b et couleur. 14'.
Conception, réalisation, image, montage : Maria Klonaris, Katerina Thomadaki.
Musique de Spiros Faros
Requiem pour le XXe siècle est un manifeste contre la violence organisée,
une élégie. Une photographie médicale
d'intersexuelle (" l'Ange " - corps de la différence) est mise
en relation avec des actualités de la 2e guerre mondiale.
Cette vidéo non-narrative croise plusieurs technologies de l'image (film,
photographie, infographie, vidéo).
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